PERPIGNAN (Pyrénées-Orientales), 18 décembre (TecHopital) - En se raccordant au réseau de chaleur du Syndicat intercommunal de la métropole perpignanaise (Sydetom 66), le centre hospitalier (CH) de Perpignan est dorénavant alimenté à 60% par de l'énergie renouvelable, ce qui lui permet d'éviter l'émission de près de 3.500 tonnes d'équivalent CO2.
Depuis le 10 décembre, le CH de Perpignan est raccordé au réseau de chaleur du Sydetom 66 (Syndicat intercommunal de la métropole de Perpignan), qui gère l'incinérateur de déchets de la métropole. Le principe du réseau est de récupérer la chaleur émise par l'incinération des ordures ménagères et de la redistribuer via des canalisations d'eau chaude.
"L'hôpital est le viabilisateur du projet à travers un marché global de performance", a indiqué à TecHopital Jonathan Vannier, ingénieur, directeur des services techniques de l'hôpital de Perpignan.
Pour ce faire, une convention chaleur a été signée avec le Sydetom 66 assurant ainsi la disponibilité de la chaleur et un prix sécurisé sur 16 ans. En parallèle, des conventions de vente de chaleur ont été signées entre l'établissement hospitalier, la chocolaterie Cémoi et la clinique mutualiste catalane. "Et nous voulons pousser la chaleur jusqu'à la piscine municipale", a indiqué l'ingénieur.
Deux boucles de chaleur ont en effet été mises en place. La première correspond à un réseau de transport de 11 kilomètres (km) qui transfère la chaleur (eau à 105°C) de l'usine d'incinération jusqu'à la station d'échange où elle arrive à 102°C. Puis une seconde boucle de 4 km transfère la chaleur dans le réseau de production, c'est-à -dire vers l'hôpital.
La puissance du réseau chaleur est de 15 MW, soit l'équivalent en chauffage de 5.000 logements et l'éclairage de 80.000 habitants.
Deux échangeurs de chaleur de 6 MWh ont été installés sur le site.
Les besoins énergétiques de l'hôpital s'élèvent à 14 gigawatt-heures (GWh). Grâce à ce raccordement au réseau de chaleur, 92% des besoins de chaleur du CH sont assurés par les énergies renouvelables (8% par le gaz).
En matière de froid, la part d'énergie renouvelable est de 55%. "Nous consommons du froid toute l'année, même en hiver, pour refroidir les blocs opératoires, pour décondenser l'eau. Nous ne consommons jamais moins de 500 kW grâce à l'installation d'un groupe à absorption. En produisant du froid grâce à ce groupe à absorption, nous n'engageons pas nos groupes à vis (électriques) en hiver et réalisons donc des économies de consommation électrique."
Au total, ce sont donc 3.495 tonnes de CO2 qui seront évitées par an, soit l'équivalent de 1.180 voitures parcourant 20.000 km par an.
"Nous nous engageons à consommer cette énergie sur 16 ans avec un prix négocié, et une formule de révision des prix également négociée et qui nous est très favorable. La grande innovation, c'est que le prix de la chaleur est totalement décorrélé du prix des énergies fossiles. De plus, nous bénéficions d'une TVA réduite, car nous atteignons 60% d'énergie renouvelable. Cela nous permet d'économiser environ 12% d'énergie (chauffage) dès la première année", a indiqué l'ingénieur du CH. Une économie induite sur les factures d'électricité de l'hôpital.
Le montant total des investissements est d'environ 15 millions d'euros. Mais l'hôpital ayant vendu sa consommation future, "il n'a pas eu à investir", a fait remarquer Jonathan Vannier.
Principale difficulté rencontrée par l'hôpital, "ce sont des dossiers très compliqués à monter. La complexité est surtout d'ordre administrative", a-t-il souligné. Autre difficulté, technique cette fois, le chantier a pris du retard car il a fallu passer sous la voie de chemin de fer, la ligne TGV en direction de Barcelone, et sous l'autoroute.
Alors faut-il inciter les hôpitaux à s'engager dans ce genre d'opération ? Pour l'ingénieur, la réponse est claire. "Il ne faut pas être trop attentiste. Souvent, les établissements de santé attendent que le réseau de chaleur existe, que la métropole le fasse. Or, il faut savoir prendre les taureaux par les cornes", a-t-il insisté.
"D'ailleurs je tiens à dire que les hôpitaux sont suffisamment gros et puissants en termes de gisement énergétique pour viabiliser autour d'eux des projets complexes et de grande ampleur. Pour nous aider, nous avons seulement demandé à un cabinet d'expertise de monter le dossier", a-t-il conclu.
gdl/ab
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