Confrontés à de sérieux défis budgétaires, les établissements de santé sont de plus en plus nombreux à se pencher sur leur facture énergétique, qui représente selon les estimations 5 à 10% du budget total d'un hôpital. Mais
"avant d'améliorer, il faut mesurer", a expliqué Boris Perrin, ingénieur énergéticien chez Bouygues énergie services, lors des lors des
54e journées des Ingénieurs hospitaliers de France (IHF), mi-juin à Toulouse.
L'ingénieur a livré un retour d'expérience sur les actions menées au nouveau
centre hospitalier Pierre Oudot, à Bourgoin-Jallieu. Livré en 2010 et totalisant 400 lits, cet établissement compte trois chaudières, quatre groupes froids et 120 centrales de traitement d'air (CTA).
"Ce matériel est suivi par 200 compteurs, reliés à un système de gestion technique centralisée pour superviser l'ensemble des équipements", a indiqué Boris Perrin. La consommation énergétique d'un établissement de santé varie fortement d'une zone à l'autre (hébergement, technique, etc.), un tel maillage est donc primordial, a-t-il ajouté.
Le suivi mensuel des consommations, et donc le diagnostic, se fait grâce à une triple analyse des données: les fluides (gaz, électricité, eau, etc.), les usages (éclairage, ventilation, traitement de l'air, etc.) et les différentes zones de l'hôpital. Des courbes dynamiques sont aussi produites en temps réel.
A Bourgoin-Jallieu, l'analyse des courbes issues de la GTC a montré que le fonctionnement des vannes n'était pas optimisé. Le basculement chaud/froid générait des phénomènes de pompage très énergivores.
Depuis des automates et la GTC, la régulation des CTA et des circuits statiques de chauffage des radiateurs ont été modifiés. La température de l'eau des radiateurs en fonction de la température extérieure a par exemple été changée.
"Sur la zone d'hébergement, ces actions ont permis de réduire de 16% la consommation du chauffage et de 24% celle sur le froid entre novembre 2012 et juin 2013, par rapport à la même période un an plus tôt", a témoigné Boris Perrin.
Suite à ces résultats, le même processus a été mis en oeuvre sur les zones techniques du site, très consommatrices en énergie.
En parallèle, les consignes d'hygrométrie ont été assouplies, car jugées trop contraignantes et surconsommatrices, et le personnel a été sensibilisé aux économies d'énergie. Par exemple, les infirmiers ont été incités à passer les blocs opératoires en mode réduit lorsqu'ils ne sont pas utilisés.
Une démarche d'amélioration continue a aussi été mise en place. Un point régulier est fait entre les experts énergéticiens, l'exploitant et le client, a indiqué Boris Perrin. Il a conclu en signalant les résultats "stimulants" obtenus par le centre hospitalier entre novembre 2012 et juin 2013: 13% de baisse de la consommation d'énergie sur le chauffage et 38% sur le froid.
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